Né le 2 avril 1922 à Nanterre (Département de la Seine) ou à l'île de Sein et mort pour la France le 6 juin 1944 à Ouistreham (Calvados), Marcel Labas était un matelot télémétriste membre du 1er BFMC.
Itinéraire[]
(À compléter)
Est tué par un sniper boulevard d'Angleterre à Ouistreham.
Le 4 mai 1944, un mois avant le Débarquement, Marcel Labas avait écrit à ses parents cette lettre:
" Mon cher papa et chère maman ainsi que mon chère frère.
À la veille de la grande bataille décisive pour la libération de notre pays, je vous écris cette lettre car comme je suis aux avants postes peut être n’arriverai je pas jusqu’à vous avant la fin de la guerre. J’ai tenu quand même a vous écrire cette lettre pour que vous sachiez ce que j’ai fait . J’ai reçu ma dernière carte inter-zone venant de vous le 3 novembre 43 six jours avant la libération de l’Afrique du nord par les alliés. J’étais toujours sur le Richelieu, nous attendions nous aussi la bataille, mais je vous assure que moi c’est a contre cœur que je me serai battu car j’avais malgré j’étais commandé par des officiers vichystes, et que j’avais renié Pétain et sa clique. Après l’Afrique du nord, l’Afrique équatoriale ralliaient sans combattre le général Giraud. Le Richelieu partit pour les Etats-Unis pour se faire réparer car il en avait besoin.
Je n’y restait pas longtemps a bord, car j’avais appris qu’en Amérique, il existait une délégation de la France libre du général de Gaulle. Je n’hésitait pas je ralliait la France libre et j’entais dans l’armée du général de Gaulle. Je partis pour le Canada venant de New York et j’arrivais à Halifax, de là, je partis pour l’Angleterre d’où je suis actuellement. J’arrivais à Londres d’où je restais quelques temps avant d’embarquer à l’école navale de la France libre, mais ce travail ne me plaisait pas il n’y avait aucun danger a courir et surtout je ne voulait pas rester planqué. Je fis plusieurs demande pour aller au corps franc des fusiliers marins mais cette demande me fut à chaque fois refusée car disait on que j’étais nécessaire a bord de mon bateau car vous savez que je suis opticien télémetriste. Je ne fis ni une ni deux je fis une grosse bêtise et j’attrapais 60 jours de prison, sitôt arrivé à la prison je fis une nouvelle demande qui cette fois ci fut acceptée car je dit comme cela que si ils ne voulaient pas m’envoyez au corps franc je préfèrerais rester en prison. Cette demande fut acceptée j’entrais donc au corps franc qu’on appelle ici en Angleterre « Commandos » après un dur entrainement. Je suis fier, que m’importe de mourir, je n’ai pas peur des balles, mais je veux qu’après le guerre vous n’ayez pas peur de citer le nom de votre fils et a en rougir. La haine du boche nous tient tous au cœur, car nous savons qu’ils vous ont torturé, assassiné beaucoup des notres, affaibli la France, il veulent notre mort à tous. C’est pourquoi il faut en finir avec eux et les traitres de chez nous. Cher papa et chère maman je part bien triste aussi, car je vais vous confier mon histoire de cœur. J’aime une jeune fille anglaise que j’ai rencontré durant mon séjour en Angleterre, je vais avoir un enfant d’elle et je suis bien triste car ma demande de mariage a été refusée car aucun papier ne peut m’etre délivré avant le second front et pourtant j’aime cette jeune fille j’aurais voulu que l’enfant porte mon nom si je venais à mourir que voulez vous c’est le destin qui veut cela mais si je reviens je jure qu’elle sera ma femme, en attendant je lui lègue mes biens qui se montent a peu près à 10 000 Francs au moins quand l’enfant viendra pourra-t-elle commencer à l’élever. Chers parents je remettrai cette lettre a cette jeune fille qui vous la remettra . Elle est ma fiancée officielle je n’ai put en faire ma femme mais elle est ma fiancée c’est la seule femme que j’ai vraiment aimé dans ma vie. Chers parents je suis bien triste souvent quand je pense que vous êtes depuis quatre années dans cette prison qui s’appelle la France, que de souffrance vous avez dut endurer, ha ! les salauds ils vont le payer. Chers parents je voudrais encore vous faire une demande si jamais des Anglais viennent à la maison ne les repoussez pas, car quoiqu’on dise sur eux, tous les Français que nous sommes en Angleterre nous avons été accueilli comme des frères dans la maison ou je suis actuellement je suis comme le fils de la moisson. Ils ont compris le malheur de la France. Ils savent tous qu’un bon Français ne peut s’abaisser dans la honte de la collaboration et accepter de l’argent des boches car il lui brûlerait les mains.
Cher papa et chère maman je termine maintenant ma lettre car voyez vous j’ai tant de chose encore à vous dire mais il faudrait que je vous voie, je vous met aussi ma photo pour vous laisser un souvenir de moi en terminant cette lettre j’ai aussi les larmes aux yeux car peut être je me dis que je ne vous reverrai plus mais mon devoir il est nécessaire que je le fasse rien ne doit passer avant le devoir. J’ai quand même espoir de revoir Paris et notre maison. Cher papa et chère maman je finis ma lettre en vous embrassant bien fort ainsi que toi mon frère Jean. Embrassez pour moi toute la famille, et les voisins aussi."
Selon Maurice Chauvet, si Kieffer a refusé que Labas sorte du camp pour se marrier avant l'opération comme l'exigeait le règlement, le colonel Dawson aurait obtenu pour lui l'autorisation. Labas se serait donc bien marrié et aurait rejoint ses camarades à Warsash, escorté par deux military police, un morceau de tulle à la boutonnière. "Après la mort de Labas, curieusement la jeune mariée n'aurait pas pris contact avec sa famille. On peut imaginer que la mère n’a jamais dit à sa fille qui était son père. Et puis un jour la famille Labas a reçu une lettre d’une jeune Anglaise. Mais décidément cette histoire ne devait pas bien se terminer: cette lettre a été perdue et l’adresse de la fille de Labas avec. Depuis, les deux sœurs de Labas qui vivent toujours à l’île de Sein, n’ont plus jamais eu de nouvelles de Grande-Bretagne.» "